At night when the stars light up
my room I sit by myself...

Il était important pour elle, et ce matin-là, il le tenait au creux de la main, sans pouvoir détacher son regard de l’objet. Un collier qu’il avait tant vu à son cou, ce collier qu’elle refusait la plupart du temps de quitter, comment avait-il pu atterrir sur le sol du salon, de son, salon ? Anderson était au courant du passage de la jeune femme chez lui l’avant-veille. Grace et sa sœur avait prévu de se retrouver, comme si la blessure n’était pas assez fraiche dans son esprit, il allait falloir qu’ils respirent le même air, bien que n’étant pas dans la même pièce. Par bonheur, Andy avait été de nuit cette soirée, là, et n’était rentré qu’aux alentours de quatre heures du matin, mais le mal était déjà fait. Il n’avait pu l’ôter de son esprit, la savoir là, dans le même appartement, mais être incapable d’aller vers elle, de lui parler… il avait été exécrable avec Nora toute la journée suivante, avant de trouver le collier. Voilà l’effet qui lui faisait le départ de la jeune femme de sa vie. Elle avait pris cette décision sans même lui donner d’alternative, c’était fini, d’une accablante façon, fini. Seulement il n’était plus le même, avec tout le reste du monde. Et que Nora en soit elle aussi touchée… elle lui avait envoyé une bonne baffe dans la figure pour lui faire reprendre pied, il avait constaté la réalité de la chose. Aller lui parler, c’était ça sa solution. Seulement… il n’arrivait pas à se résoudre à simplement aller sonner chez elle, pas sans motif, pas depuis qu’elle l’y avait quitté. Et il tenait la solution au problème, au creux même de sa main. Il aurait pu le confier à Dakota, qui se serait à coup sûr fait un plaisir de le lui remettre, mais… il devait garder cette chance, et l’utiliser, le moment venu. Moment qui se profilait doucement à l’horizon. Il rangea l’objet dans sa poche, attrapa sa veste et passa la porte, ne répondant même pas à sa sœur qui lui lançait vaguement du salon un « où tu vas » pas forcément intéressé. Non, il n’allait pas répondre. Cette rencontre lui appartenait, pas besoin qu’elle prévienne la brune ou quelque chose du genre. Descendant les marches de l’immeuble, il prenait peu à peu confiance en lui. Après tout… ce n’était qu’un collier. Mais lui ramener… oui, ça amorcerait bien les choses.

Il n’avait pas eu à marcher longtemps pour se retrouver devant le bâtiment de la jeune femme. Les mains dans les poches de sa veste, il observait le balcon calmement. Il lui fallait quelques minutes, vous savez, pour oser. Et prier pour ne pas tomber sur son père, surtout. C’aurait été une échappatoire bien trop facile pour elle, et il ne voulait pas gâcher cette chance de l’avoir enfin face à lui quelques minutes. Vitales, minutes. D’un pas décidé, il se dirigea vers la porte. Quelques minutes encore, et ils respireraient un air commun. Une inspiration, et son poing vint frapper contre la porte, doucement. Il resta derrière cette même porte, entendant les pas qui s’afféraient de l’autre côté. Puis la porte, qui s’ouvre. Était-elle aussi surprise qu’elle le laisse voir ? « Hey… » Il lui sourit, légèrement. C’était la seule chose qu’il pouvait dire, pour le moment. Ne pas s’engager dans une tirade incompréhensible si c’était pour qu’elle lui claque la porte au nez dans quelques secondes. Il se contenta de garder son regard dans le sien, intensément. Bordel… ce qu’elle pouvait être belle.

Le temps que cette maudite porte s’ouvre, il avait pu revoir ces jours et ses nuits, ou il attendait en catimini qu’elle vienne lui ouvrir, en prenant toujours soin de ne pas se faire avoir par son père qui, visiblement, n’aimait pas plus que ça le jeune homme. Andy n’en avait jamais rien su, du moins rien n’avait été dit en face, mais c’était tout comme, croyez-moi. Il pouvait presque comprendre… à l’époque, ça le faisait plus sourire qu’autre chose d’ailleurs, qu’ils aient en quelques sortes à se cacher. Ca rendait la chose d’autant plus passionnante. Et passionnée. Ces retrouvailles aux goûts d’illégalités qu’ils partageaient des deux côtés de cette porte, quand il ne l’attendait pas dans sa voiture, ses baisers qu’ils échangeaient, toujours plus intenses aux retrouvailles, toujours plus à lui, il lui semblait. Alors que la poignet de la porte se tournait lentement, il crut pendant un instant ne pas avoir sa place ici. Ne rien avoir à faire, que son excuse soit bidon, qu’il aurait été plus sage de tout simplement donner le collier à sa sœur. Seulement lorsqu’elle apparut de l’autre côté de cette porte… il n’avait pas fait le déplacement pour rien. Seule, la vision de ses traits était déjà un grand cadeau, alors tout le reste, son parfum, l’air partagé, des mots adressés… un plus. Rien qu’un plus. Un grand plus. « Salut...» elle n’avait pas refermé la porte aussitôt, petite victoire. Elle aurait pu, vous savez, il aurait compris. Après tout, ils ne s’étaient pas forcément quittés dans de bons termes, alors elle aurait pu. Mais à côté de ça, elle ouvrit de nouveau la bouche « Qu'est-ce que tu fais ici? » très bonne question, il glissa la main dans sa poche, effleurant le collier sans pour autant le sortir aussitôt. Il prit un temps avant de répondre, fixant son visage. Il lui avait manqué, aucun doute. La perfection du tout autant que son contact, assurément. Il y a quelques semaines encore, il lui aurait fait la surprise de passer qu’il aurait déjà eu la joie de caresser son visage. Mais il n’en avait plus le droit. L’envie… seulement l’envie. « Je peux entrer ? Je n’en aurais pas pour longtemps… » demande risquée, tant pis, il prenait le risque. Ils restèrent quelques secondes, là, sur le pas de cette porte, à se regarder dans les yeux sans même bouger. Et c’était parfait…

« Tu as oublié ça chez nous… avant-hier soir, apparemment. » il venait enfin de sortir l’objet, le mettant sous les yeux de la jeune femme. « Dakota n’était pas là, alors… je sais à quel point tu y tiens. » Mensonge, sa sœur était là, mais il n’avait pas envie de l’impliquer encore une fois dans leur histoire. La première fois, elle l’avait détruite, ne pas refaire cette erreur. Il pouvait très bien prendre les choses en mains. Gardant l’objet dans sa main, tendue vers elle, il savait le contact imminent de sa peau avec la sienne. Quasi inévitable, et ça lui convenait. Quant au fait qu’elle tienne à ce bijou… non, il n’avait jamais demandé d’où il venait, ou bien la signification qu’il avait pour elle, à l’époque, il s’en fichait. Tout ce qui lui importait, c’était de savoir qu’elle y tenait vraiment, point. Et ça importait toujours… même si aujourd’hui, il serait plus attentionné à entendre l’histoire. Si jamais elle consentait à prendre le temps de la lui raconter. Temps… à partager.

Des respirations lentes et un coeur qui ne bat plus. Grace le regardait sentant tous les organes se tordre de douleur, mais elle gardait une expression sereine. Montrer sa souffrance était hors de contrôle, il en savait déjà trop et elle voulait avoir l'air de la fille qui avait déjà tout oublié et avait passé à autre chose quand au fond elle avait l'impression de revenir au moment fatidique ou Dakota avait prononcé les mots qui ont brisés son cœur. Elle n'avait jamais été dans cette situation, elle avait vu ce genre d'histoire dans les séries télévisés pour adolescents ou un drame se produit à la minute près... Ou l'adultère est quelque chose de commun et que les relations entre personnages forme une chaîne plus complexe qu'un schéma scientifique. Dakota n'avait pas imaginé l'ampleur de l'information qu'elle lui disait et la douleur que cela avait amené. Ce coup de fil, elle avait eut l'impression de sentir son cœur se brisé au moment ou son amie lui avait annoncé que son frère avait ramené une autre à leur demeure et qu'ils... Eh bien je peux vous épargnez les détails, vous avez compris. Tout ce qu'elle avait pu imaginer de leur relation était remis en doute et plus rien ne faisait de sens, elle avait été en colère... Oh ça oui! Mais elle ne pouvait pas lui en vouloir trop longtemps... C'était sa nature! Elle avait espéré le changer de tout son cœur, croyant que peut-être qu'il agissait de la sorte avant de trouver la bonne et elle avait été idiote de désiré être celle dont il avait besoin. Grace réalisait qu'elle s'était trompé et qu'il était incurable, il était destiné à une vie de relations d'un soir et de solitude, car il ne serait jamais prêt à ouvrir son cœur pour quiconque, voilà la triste vérité.

Grace se punissait elle-même d'avoir ouvert la porte, elle aurait très pu regarder qui y était et simplement rester bien sagement dans son appartement, le laissant en plan, mais non... « Je peux entrer ? Je n’en aurais pas pour longtemps… » NON NON NON NON, toutes les parcelles de son corps lui disait de simplement lui dire d'aller se faire voir et de lui fermer la porte au visage, mais elle n'y arriverait pas, elle ne pouvait pas simplement le laisser s'en aller sans savoir ce qu'il venait faire chez elle. Elle était en train de se demander si elle agissait comme la bonne femme de maison et laissait son "invité" entrer, même si c'était une visite non désiré, ou si elle jouait à la peste et refusait qu'il mette les pieds dans SA maison. Aucune réponse, pas un mot, elle se tassa simplement contre la porte, signe pour le jeune homme d'entrer dans les lieux et après une seconde d'hésitation, il avança. Oh lala dans quoi elle s'embarquait! « Tu as oublié ça chez nous… avant-hier soir, apparemment. » Le regard de Grace se fixa sur l'objet qu'il tenait, sa main se posa sur l'endroit ou elle avait crut qu'il était pour s’apercevoir que son cou était nu et qu'elle avait bel et bien perdu l'objet le plus important à ses yeux.« Dakota n’était pas là, alors… je sais à quel point tu y tiens. » Des larmes se formèrent dans le coin de ses yeux, elle avait honte de ne pas avoir fait plus attention et de ne pas avoir remarqué sa disparition. Son père avait offert ce collier à sa mère et celle-ci le lui avait offert à son tour quelques jours avant de mourir et depuis, elle ne la jamais ôté... Pas une seule seconde et elle l'avait perdu sans même s'en être rendu compte. La jeune fille, approcha sa main de celle d'Andy et prit doucement l'objet qu'il tenait. Le contact avec sa peau la chamboula, c'est pourquoi elle la retira rapidement, serrant fortement son collier dans sa paume. « Merci... Tu n'as même pas idée de ce que cela représente pour moi! » Une larme roula lentement sur sa joue, une fois qu'elle s'en rendit compte, Grace se détourna et l'essuya rapidement pour pas qu'Andy voit l'effet que son geste avait sur elle.